Friday, June 25, 2010

Fonction et réaction : un président hyperactif




Nous pensions en avoir fini avec les mésaventures de l'Equipe de France de football, mais il semblerait que nous ne soyons pas au bout de nos peines. Après avoir subi le mépris des joueurs, la couardise du sélectionneur et l'incompétence de la fédération, nous avons dû faire face aujourd'hui à l'indécence du Président de la République. Non content d'avoir commenté les propos injurieux de Nicolas Anelka en pleine conférence de presse à St Petersbourg, puis décalé un rendez-vous avec la Présidente de la Confédération Suisse pour ne pas manquer la rencontre France - Afrique du Sud (pour quel résultat!), le chef de l'Etat a posé la dernière couche en recevant jeudi Thierry Henry à l'Elysée pour un débriefing personnel de la pantalonnade sud-africaine.

Fidèle au tact auquel il nous a habitué, Monsieur Sarkozy a choisi un jour de mobilisation nationale pour ce pied de nez footballistique. Que les représentants d'associations qui se voient perpétuellement refuser audience par l'Elysée se consolent : après tout, le Président ne faisait que recevoir un porte parole d'Handicap International. Blague à part, l'attitude du chef de l'Etat en ces temps houleux est insupportable. Recevoir Thierry Henry avec les honneurs d'un diplomate (voiture présidentielle, escorte policière) n'était pas seulement déplacé, c'était carrément grotesque. Une fois de plus, le nainsupportable a voulu jouer les Superman, en volant cette fois au secours du football national.

Jusqu'où Nicolas Sarkozy piétinera-t-il la fonction présidentielle? Il est devenu l'homme à tout faire de la République, à un tel point que c'en est devenu gênant. Le Préfet du Var n'était-il pas capable de représenter l'Etat auprès des victimes des innondations? N'est-ce pas le rôle de Roselyne Bachelot que de s'occuper des questions sportives? Que ressentent tous ces représentants que le Président culbute pour se retrouver sur le devant de la scène? Si vous voulez être seul décisionnaire, un conseil Monsieur le Président, dissolvez votre gouvernement et la Constitution, proclamez le retour de la Monarchie, vous nous épargnerez bien des sous-entendus! (Et rendez à la France la Garden Party du 14 juillet. Les économies de bouts de chandelles ne valent pas les vraies réformes.)

Je ne renie pas le besoin urgent de l'Etat de s'occuper de la question du football français. Modification de statut des clubs, entrées en bourses, paris en ligne, il y a de quoi faire. Par ailleurs, le respect du maillot et tout ce qui va avec (symboles de la République, image de la France à l'étranger...) est une question qui par nature engage la République. Mais par pitié, Monsieur le Président, laisser les cordonniers réparer nous souliers! Quand on confie à Christine Boutin la rédaction d'un rapport sur les effets de la mondialisation, on doit pouvoir confier la question du football français à quelqu'un de tout aussi compétent.

J'espère que vous avez pris du repos, car si vous comptez vous occuper du G20 comme de la France, vous risquez de vous essouffler bien vite sous le soleil torontois. A demain, Monsieur le Président!

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