Tuesday, May 25, 2010

Ours blancs et fumée noire - La fin d'une ère

Vous pensiez y couper mais c'était inévitable. Une page de l'Histoire de la télévision vient de se tourner, il convient donc d'en dire quelques mots. Cette phrase trouvée sur le net résume bien la situation: "My longest relationship is coming to an end." LOST n'est plus, longue vie à LOST!

Avant d'aller plus loin, je préfère avertir ceux d'entre vous qui n'ont pas encore vu la saison 6 de Lost, ou même n'ont jamais regardé la série (pauvres fous!) que ce qui suit est bourré de références au dernier épisode. Lecteur te voilà averti.


'There's no place like home' est le thème le plus intense de la saga, souvent synonyme de retrouvailles et de libération pour les naufragés. A écouter en lisant cet article!

Depuis 2 jours, j'essaie de mettre de l'ordre dans mes idées, mais ça n'est pas chose aisée avec la rumeur qui gronde autour de moi. Impossible de me concentrer dans ce brouhaha: les insatisfaits hurlent au scandale; ceux qui n'ont pas encore tout vu chantent à tue-tête pour ne pas entendre les débats qui pululent dans les salles de pause; ceux qui pensent détenir la vérité tapent du poing sur la table pour faire valoir leurs arguments. En dépit de la disparition de la série de nos écrans, Lost vit toujours, et ce pour longtemps.

Voici donc mon interprétation Lost, suivie d'une brève critique de l'épisode final.

Tout d'abord, il est évident au terme de cette sixième saison que le sujet principal de Lost n'est pas l'île, mais Jack. De son vivant d'abord, sur l'île, dans son combat pour se libérer de l'influence de Christian, son père, de se faire accepter pour qui il est, de s'imposer comme un meneur d'homme et réparateur d'âmes brisées. Dans la mort, ensuite, grâce au Sideways World, sorte de purgatoire créé afin de lui permettre de réaliser et accepter sa mort. On peut donc théoriser que les autres personnages ne sont que des accessoires de son cheminement, apportant chacun un défi que Jack doit relever afin de se construire.
Bien sur cette interprétation risque d'en froisser plus d'un, déçus que l'île, dont beaucoup de mystères (citons entre autres les hiéroglyphes et les statues) resteront inexpliqués, ne soit qu'un moteur narratif, et non une fin en soi. Mais dans la tradition de Lost, les niveaux de lectures sont multiples.

L'autre question qui suscite une grande polémique est "Etaient-ils morts depuis le début?". A cette question je réponds 'non'. En effet, dans le dernier épisode, Christian explique à Jack que tout ce qu'il a vécu était réel. Les différents personnage sont bien morts au fur et à mesure de la série. Certains, comme Jin et Sun, sur l'île après être partis et revenus, d'autres comme Kate et Sawyer, bien plus tard sur la terre ferme (après s'être enfuis grâce a l'avion Ajira). Les spectateurs ont pu être induits en erreur par le montage de la saison 6 qui entrelace le monde réel et le Sideways World, afin de faciliter les parallèles entre les 2, mais on peut penser que le SW commence quand Jack ferme les yeux au milieu des bambous à la fin de l'épisode. Cependant, Christian précise qu'il n'y pas de pas de "maintenant" dans le SW, et on peut donc spéculer que certains amis que Jack retrouve dans la chapelle ne mourront que bien longtemps après lui.

Même si des pages et des pages d'analyses circulent déjà, à mes yeux, l'intrigue majeure peut être résumé ainsi :
Jack, un médecin rongé par la crainte de devenir l'homme qu'était son père, se retrouve naufragé sur une île déserte avec d'autres passagers du vol Oceanic 815. Au cours de son séjour sur l'île, les aventures (souvent mystérieuses) qu'il vit lui permettent de se forger une personnalité propre au travers de ses compagnons d'infortune.
Après avoir réussi à quitter l'île, il se rend compte que sa quête n'est pas achevée. On peut théoriser que c'est l'île qui l'attire afin de l'aider à donner un sens à sa vie. L'aboutissement de cette quête intervient lors de l'épreuve ultime au cours de laquelle il sauve l'île (et par extension le monde) en tuant Smokey/MIB/Locke (même si techniquement, c'est Kate qui l'abat d'un coup de fusil), et en parvenant à refermer la source de vie au coeur de l'île. Malheureusement, Jack succombe aux blessures qui lui ont été infligées par Smokey.
Alors qu'il ferme les yeux, il se retrouve dans l'avion qui l'emmène à Los Angeles, et commence alors sa deuxième quête: l'acceptation de sa mort. Cette hypothèse est confirmée par les premiers mots prononcés par Rose "It's ok, you can let go, now". N'ayant plus connaissance de ses aventures insulaires, il évolue dans un monde qui repose sur ce qu'il a vécu sur l'île: les personnes qui l'entourent, son besoin d'avoir un fils pour être le père que Christian n'était pas.

N'hésitez pas à poster vos théories personnelles en commentaire, le débat est ouvert!

S06E17/18 - The End
Je ne souhaite pas faire un éloge aveugle de Lost. La série a eu ses hauts et ses bas, certains personnages surgis de nulle part (Dogen) ont eu un rôle à l'utilité moins que certaine. Je me suis concentré ici uniquement sur le final de la série, et ce qui a fait de Lost la série qu'elle était. Je le répète, la fin de la série marque l'ouverture des débats.

Même si les théories et les avis divergent, on peut tous s'accorder sur la beauté du final de Lost. Comme je l'ai dit précédemment, le montage peut induire en erreur quant à la chronologie et laisser penser que les évènements ont lieu simultanément dans le monde réel sur l'île et dans le Sideways World (qui pour le coup n'est plus Sideways, mais dans un soucis de clarté, nous nous en tiendrons à cette terminologie, qui est celle adoptée par les fans du monde entier).

Sans reprendre l'épisode de bout en bout, on peut noter les scènes les plus marquantes:
- les flashes de reconnection sont tous très intenses, mais la palme revient sans nul doute à Sawyer et Juliet, qui ont certainement déclenché une surabondance lacrymale chez les plus sensibles d'entre nous.
- le combat final entre Jack et Locke, en particulier le premier saut de Jack, est vraiment digne d'un grand film d'action. Le parallèle destruction/reconstruction avec l'opération de Dead Locke est tout simplement splendide, l'orteil qui gigote boucle la boucle, et la révélation de Locke à Jack qu'il n'a pas de fils nous met définitivement sur la piste, sans pour autant gâcher les 40 minutes à venir.
- le plongeon de Kate et Sawyer renvoie au placard celui de Ledoyen et Canet dans la Plage.
- le flash de Jack lorsqu'il touche le cercueil, la réalisation de sa mort, et enfin la réunion dans la chapelle, le tout sur la musique déjà culte de Michael Giacchino resteront marqué dans mon esprit comme l'un des moments les plus intenses de la télévision.

Et c'est ainsi qu'en même temps que l'oeil de Jack, l'histoire de Lost se referme. Plus qu'une simple série télévisée, Lost est une oeuvre. Une oeuvre sur le besoin de s'entourer, de donner un sens à sa vie, sur l'acceptation, sur le deuil, sur la vie et la mort. Une oeuvre aux niveaux de lecture mutliples, où chacun est libre de plonger à la profondeur qu'il veut: rester en surface, et vivre l'action comme elle vient, où s'enfoncer dans les abysses des références mythologiques, littéraires et culturelles. Lost est une oeuvre moderne et classique, qui restera à jamais le symbole d'une génération qui voulait trouver dans la télévision plus que ce qu'on avait l'habitude de lui offrir. Lost est mort. Longue vie à Lost!

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