Lundi soir, près de 3000 personnes se sont réunies devant l'Hôtel de Police de Toronto sur College Street pour manifester contre les conditions d'arrestation et de détention de plus de 900 manifestants et badauds durant le sommet du G20. La manifestation s'est déroulée sans incident notoire.
Plusieurs porte-parole d'assosciations féministes, étudiantes ou de protection des droits des peuples natifs se sont succédés afin de dénoncer le rôle joué par les forces de police dans les évènements qui se sont déroulés en marge des réunions du G20. Plusieurs témoins, relaxés la veille ont décrit leurs conditions de détention au centre d'Eastern Avenue, surnommé "Torontonamo" par les manifestants : cellules insalubres et surchargées, manque de nourriture et d'intimité, refus d'accès à un avocat. Plusieurs dizaines de manifestants ont été détenus pendant 24h puis relaxés sans aucune charge retenue contre eux. Par ailleurs, des femmes se sont plaintes d'avoir été fouillées par des officiers de sexe masculin, et ont été l'objet de remarques sexistes.
Face à une rangée de policiers à vélo impassibles, les manifestants ont alterné prises de paroles et chants protestaires pendant plus d'une heure, avant de se diriger vers l'Hôtel de Ville, afin de réitérer leur message devant le bureau de Bill Blair, le Chef de la Police de Toronto. Parmi les messages les plus scandés, on a entendu "Shame!" (Honte), "We don't want a police State" (Nous ne voulons pas d'un Etat Policier"), "Let them go" (Libérez-les). La foule s'est ensuite dispersée dans le calme. Cette manifestation, très organisée, possédait son propre service d'ordre, et on ne déplore aucun débordement.
Au-delà des quelques milliers de manifestants, c'est toute la population de Toronto qui est sous le choc. Peu habitués à ce genre de démonstration policière, les torontois se sentent trahis par la municipalité. La grande majorité de la population était contre le déroulement du sommet en centre-ville, et le montant du budget alloué à la sécurité (1 milliard de $) a fait couler beaucoup d'encre. Choqués par les arrestations en masses et le climat de tension qui a régné sur la ville pendant 72h, les habitants de Toronto se sont indignés lorsque le Maire et le Chef de la Police ont refusé de s'excuser pour les évènements des dernières 48 heures. Dans un Canada réputé pour être une démocratie progressiste, la population déplore les méthodes extrêmes employées ce weekend par les forces anti-émeutes, que beaucoup ont comparé aux Troupes de Choc de l'Empire Galactique de Star Wars.
Cependant, en dehors des dégâts matériels et des arrestations nombreuses (plus de 900), on peut se réjouir de l'absence de violences physiques entre manifestants et casseurs. On peut en revanche s'inquéter de la tournure que prendront les évènements lors de la tenue du sommet en France en 2011, au regard d'autres manifestations qui ont souvent dégénéré (on se souvient des bandes de casseurs lors de la manifestation contre le CPE à Paris en 2005).
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